Replay | La maladie d’Alzheimer, efficace ?

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Dans le cadre de la Semaine du Cerveau 2024, événement coordonné par la Société des Neurosciences en France, la Fondation Alzheimer a organisé une conférence en ligne animée par le Professeur Philippe Amouyel.

/ L’intégralité de la conférence disponible en replay

/ Le Professeur Philippe Amouyel a répondu à vos questions

  • La résilience a-t-elle un impact positif sur les individus et sur la prévention de la maladie d’Alzheimer ?
    La résilience n’est pas connue pour avoir un effet particulier sur la prévention de la maladie d’Alzheimer.
  • L’écoute musicale est-elle un facteur de prévention dans la maladie d’Alzheimer ?
    La musique est un outil de stimulation cérébrale efficace et faisant appel à des fonctions spécifiques du cerveau. Chez les patients Alzheimer, la musique est utilisée pour apaiser ces derniers et les stimuler. Dans ce cadre, il est important de souligner l’importance de surveiller son audition car il s’agit d’un facteur aggravant de la maladie d’Alzheimer.
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  • Quelle est la place d’un psychologue ou neuropsychologue dans la prévention et l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer ?
    A ce jour, le psychologue ou neuropsychologue intervient une fois le diagnostic posé. Sa place en amont et donc pour aider à mettre en place des mesures de prévention pourrait être discuté.
  • Est-ce que le télétravail est un facteur aggravant pour la maladie d’Alzheimer ?
    Les études concernant le télétravail indiquent qu’il est susceptible d’être source de rupture du lien social. Le télétravail doit donc être occasionnel et des points de contact présentiel fréquents doivent être préservés pour éviter la désocialisation.
  • Le petit déjeuner riche en protéines est-il plus recommandé que le petit-déjeuner sucré pour la prévention de la maladie d’Alzheimer ?
    Non aucune recommandation médicalement validée n’existe sur ce sujet.
  • L’excès de fer dans le sang peut-il être un facteur de risque ? 
    Non, l’excès de fer n’est pas considéré comme un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer.
  • Existent-ils des types de populations/ethnies plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer ?
    Il n’y a pas de différence absolue entre les différentes populations. Il s’agit davantage de risques liés aux habitudes de vie. Deux populations ont actuellement des taux d’incidence un peu plus élevés de maladie d’Alzheimer : la Chine et l’Amérique du Sud. Ce phénomène pourrait s’expliquer par une transition démographique très rapide entrainant une augmentation des risques cardio-vasculaires (expliqué en partie par des changements d’alimentation et de mode de vie).
  • Existe-t-il un lien entre la surexposition aux écrans et le développement de la maladie d’Alzheimer ?
    Les enfants de moins de 12 ans ne doivent pas être exposés aux écrans car le cerveau est en plein développement. Les études scientifiques démontrent que les écrans ont un effet délétère sur son bon développement et entrainent des troubles du comportement par exemple. En revanche, après 65 ans, l’écran peut être un outil pour stimuler le cerveau, ce qui est très bénéfique. les jeux vidéo en particulier ont été montrés améliorer durablement les fonctions cognitives.
  • Est-ce que lire sur un écran est aussi efficace que lire un livre papier ?
    La lecture sur tablette ou au format papier reste un outil de prévention très efficace. Si vous lisez sur tablettes, privilégiez des tablettes dédiées à la lecture qui fatiguent beaucoup moins les yeux.
  • Quel est le rôle de l’insomnie dans l’accélération de la maladie d’Alzheimer ?
    Dans les phases de sommeil profond, il existe un mécanisme de « nettoyage » du cerveau, mécanisme qui permet l’élimination des protéines toxiques. Un sommeil de qualité est donc nécessaire au bon fonctionnement de notre cerveau et à la prévention de la maladie d’Alzheimer.
  • L’irritabilité et le déni du patient Alzheimer sont-ils des indicateurs du stade d’avancement de la maladie ?
    Non pas spécifiquement. Ces attitudes traduisent l’angoisse du patient face à la progression de sa maladie. L’irritabilité peut être dues à des troubles du comportement, signe fréquent de la maladie d’Alzheimer.
  • A partir de quel moment on peut parler d’une progression Alzheimer chez une personne présentant une démence front temporale ?
    La démence fronto temporale est une maladie apparentée à la maladie d’Alzheimer avec laquelle elle a plusieurs symptômes en commun. Mais leurs mécanismes et lésions sont varient de l’une à l’autre.
  • La relaxation, la sophrologie, et la méditation sont telles efficaces dans la prévention de la maladie d’Alzheimer ?
    Ces méthodes sont conseillées pour réduire le stress chronique qui est connu pour être associé à une apparition plus précoce des symptômes de la maladie d’Alzheimer.
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  • Les régimes cétogènes sont-ils efficaces pour lutter contre la maladie d’Alzheimer ?
    Le régime cétogène est un régime éliminant les sucres rapides et associés souvent à un jeun. Dans ce cas, le corps va consommer les graisses pour les transformer en sucre grâce au foie. Cela engendre la formation de corps cétoniques. Aucune étude scientifique n’a mis en évidence d’effets positifs de ces régimes. A long terme, ils sont même néfastes car le corps ne dispose plus des éléments nécessaires à son bon fonctionnement, les protéines et les graisses. Un élément important concernant l’alimentation en particulier du soir, le repas doit être pris au moins 2 h avant le coucher pour améliorer la digestion et le sommeil.
  • Y a-t-il un lien entre apnée du sommeil et maladie d’Alzheimer ?
    La survenue d’apnée du sommeil non traitée est associée à une apparition plus précoce des symptômes de la maladie d’Alzheimer. L’arrêt de la respiration pendant les apnées correspond à des micro réveils réduisant significativement la qualité du sommeil. Or, dans les phases de sommeil en particulier profond, il existe un mécanisme de « nettoyage » du cerveau, mécanisme qui permet l’élimination des protéines toxiques. Il est impératif de traiter ces apnées. Un sommeil de qualité est nécessaire au bon fonctionnement de notre cerveau et à la prévention de la maladie d’Alzheimer.
  • Les anti-dépresseurs affectent-ils la barrière hémato-encéphalique protectrice du cerveau ?
    Tous les médicaments qui ont une action sur le cerveau doivent passer la barrière et donc la modifier. L’automédication au long court avec des anti-dépresseurs pourrait être associée avec des atteintes cognitives pouvant évoluer vers une maladie d’Alzheimer. Il est donc impératif de ne pas les utiliser hors contexte médical et de manière excessivement prolongée.
  • Des troubles de la mémoire de travail sont-ils les prémices d’une maladie d’Alzheimer ?
    Les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer sont les troubles de la mémoire immédiate, c’est-à-dire de la mémoire de travail. Toutefois, d’autres causes peuvent également être à l’origine de ce type de troubles, comme la dépression. Il faut donc aller consulter lorsque ces troubles surviennent. La prévention possède des effets positifs sur les troubles de la mémoire de travail, notamment en effectuant des exercices de mémorisation par répétition et associations de mots. Attention, l’attention a une part importante dans le processus de mémorisation. Il faut donc être attentif pour bien mémoriser.
  • Est-ce que la prise en charge d’une dépression par les anti-dépresseurs permet d’écarter la maladie d’Alzheimer ?
    Traiter la dépression est fondamentale. Il s’agit d’une maladie grave qui doit être prise en charge. L’automédication au long court avec des anti-dépresseurs pourrait être associée avec des atteintes cognitives pouvant évoluer vers une maladie d’Alzheimer. Il est donc impératif de ne pas les utiliser hors contexte médical ou en automédication. Les recherches scientifiques ont démontré que la prise de médicaments contre la dépression et l’anxiété à longue durée d’action et au-delà de 5 semaines consécutives augmentent les risques d’apparition de la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, on retrouve souvent associé l’apparition de la maladie d’Alzheimer et l’apparition de symptômes dépressifs. Cela peut être réactionnel face à la survenue des pertes de mémoire par exemple.
  • Quel est le rôle de la protéine Tau ?
    La protéine Tau est une protéine de structure du neurone. La forme normale des neurones dépend de cette protéine, elle sert d’échafaudage. Dans la maladie d’Alzheimer, la protéine Tau change de conformation, ce qui affecte son rôle d’échafaudage. Le neurone prend alors la forme de broussaille entrainant des dysfonctionnements.
  • Que signifie en nombre d’années le terme « évolution rapide » pour les malades Alzheimer précoces ?
    L’âge moyen d’apparition des symptômes dans les formes précoces de maladie d’Alzheimer est environ 45-50 ans. La progression est alors rapide et la sévérité des symptômes s’accentue dès 5 à 10 ans après l’apparition de la maladie.
  • Peut-on faire un diagnostic/prédire l’apparition de la maladie lorsque l’on a de nombreux antécédents mais pas encore de symptômes ?
    Dans les essais cliniques uniquement, il est possible d’intégrer des protocoles de recherche et de bénéficier d’un dépistage très précoce pour les patients ayant notamment un contexte familial. L’objectif dans ce cas est de donner le traitement à l’essai le plus tôt possible tant que les capacités intellectuelles de l’individu sont encore conservées.
  • Entre activité physique, sociale et intellectuelle : laquelle est la plus efficace dans la prévention de la maladie d’Alzheimer ?
    Elles le sont toutes, et mieux encore toutes ensemble.
  • Dans le cadre d’une maladie d’Alzheimer précoce, peut-il y avoir des améliorations (atteinte cognitive), ou est-ce toujours un déclin progressif ?
    Dans la plupart des cas l’évolution est progressive.
  • Les personnes ayant un TDAH sont-elles plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer ?
    Il n’y a pas d’évidence scientifique qui démontre un lien entre le TDAH et la maladie d’Alzheimer.
  • Toutes les activités physiques se valent-elles pour la prévention de la maladie d’Alzheimer ?
    A priori oui, avec une préférence pour les activités aérobiques (marche, course, natation…).
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  • Les personnes ayant une forme autosomique dominante peuvent-elles bénéficier d’effets protecteurs de la prévention précoce ?
    La prévention peut en effet jouer un rôle protecteur dans les formes autosomiques dominantes. Bien qu’aucun essai clinique n’ait été mené pour apporter des données scientifiques sur ce sujet, on peut considérer que la prévention est un outil bénéfique pour ralentir le développement et la progression des symptômes précoces.
  • Que pensez-vous de la prise de sang capable de dépister la maladie d’Alzheimer ?
    Aujourd’hui, il n’y a pas de diagnostic absolu de la maladie d’Alzheimer. Les éléments recueillis grâce aux examens cliniques, de neuroimagerie et de biochimie du liquide céphalorachidien pour doser les protéines toxiques permettent d’élaborer un diagnostic. Les nouvelles techniques de détection des protéines toxiques dans le sang sont suffisamment précises pour être utilisées pour mesurer la quantité de ces protéines. Ces techniques toujours en cours de validation sont intéressantes car elles sont moins invasives que les autres techniques de mesure comme la ponction lombaire.
  • Envisage-t-on aujourd’hui grâce à la prévention d’éradiquer définitivement la maladie d’Alzheimer ou de bloquer son arrivée avant 80 ans ?
    A proprement parlé, la prévention n’est pas un outil capable d’éradiquer la maladie d’Alzheimer. La prévention sert à maintenir notre capacité cognitive et notre capital cerveau et lutter le plus longtemps possible contre tous les évènements de la vie pouvant affecter notre cerveau.
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  • Quel est rôle de l’environnement dans le développement de la maladie d’Alzheimer ?
    De rares études semblent montrer que la pollution de l’air est associée à une légère augmentation de l’incidence de la maladie.
  • Comment s’évalue le capital neurones d’un cerveau ?
    A ce jour, du vivant du patient, il n’existe pas de méthode précise pour évaluer le capital cerveau. Les outils de neuroimagerie actuels peuvent apporter des indications anatomiques et fonctionnelles mais ne permettent pas d’obtenir de « données chiffrées » du nombre de neurones. Par ailleurs, le capital cerveau est avant tout un concept pour expliquer la structuration et le fonctionnement du cerveau. Ce sont plutôt les tests neuropsychologiques qui apportent des informations effectives sur le capital cerveau.
  • A quel âge faut-il faire un 1er bilan ?
    Sachant qu’il n’existe pas à ce jour de traitement contre la maladie d’Alzheimer, la réalisation d’un bilan en vue d’un diagnostic avant la survenue de symptômes n’à ce jour pas d’utilité. En revanche, la mise en place précoce de mesures de prévention améliore les fonctions cognitives dès l’âge de 40 ans et permet à plus long terme de retarder significativement l’apparition des premiers signes.
  • Quand les hippocampes sont atrophiés est ce nécessairement une maladie d’Alzheimer ?
    L’atrophie des hippocampes n’est pas un symptôme spécifique de la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, il est possible d’améliorer la taille de l’hippocampe grâce à la prévention. Par exemple, l’arrêt du tabac et l’activité physique permettent de récupérer une partie du volume de l’hippocampe. Cela est dû à la plasticité du cerveau.
  • Est-ce que la maladie d’Alzheimer est une maladie héréditaire ?
    Comme dans toutes les maladies, il existe des facteurs de susceptibilité individuelle liés à nos gènes et des facteurs de susceptibilité liés à notre environnement. Dans certains cas rares (moins de 0,5%), il existe des formes héréditaires dont les gènes ont été identifiés dans 50% des cas. Dans les familles touchées, à chaque génération, les individus peuvent développer la maladie dans 1 cas sur 2. Il s’agit de formes à transmission autosomique dominante, formes dont les symptômes débutent très tôt, c’est-à-dire dès 45-50 ans.  La grande majorité des maladies d’Alzheimer débutant après 65 ans ne sont pas héréditaires.
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