Minute Cerveau & Recherche – Episode 13

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Chaque semaine, La Minute Cerveau & Recherche vous plonge au cœur des dernières avancées scientifiques sur le cerveau et la maladie d’Alzheimer.

/ Les actualités de la semaine du 13 au 19 octobre 2025

Au programme de cet épisode : de nouvelles pistes pour comprendre comment les cellules de soutien du cerveau se déconnectent des vaisseaux sanguins, pourquoi les femmes semblent plus concernées par la maladie, comment réparer la barrière protectrice du cerveau pourrait restaurer la mémoire… et comment l’intelligence artificielle apprend à distinguer Alzheimer du vieillissement normal.

Autant de découvertes qui, ensemble, éclairent un même objectif : mieux comprendre, mieux prévenir et mieux traiter les maladies neurocognitives.

Dans notre cerveau, les astrocytes sont des cellules indispensables : elles soutiennent les neurones, régulent l’activité cérébrale et assurent une bonne communication avec les vaisseaux sanguins. En particulier, leurs extrémités — appelées « pieds astrocytaires » — sont en contact direct avec les artérioles cérébrales, jouant un rôle essentiel dans l’apport d’oxygène et de nutriments.

Mais dans la maladie d’Alzheimer, cette communication semble perturbée.

Dans une nouvelle étude publiée en octobre 2025, des chercheurs ont observé, chez des souris modèles de la maladie d’Alzheimer (5xFAD), une altération des signaux calciques dans les astrocytes. Ces signaux sont normalement synchronisés avec les mouvements des vaisseaux sanguins, permettant une adaptation de la circulation cérébrale en fonction des besoins des neurones.

Les résultats montrent que :

  • Les signaux calciques spontanés des astrocytes sont plus fréquents dans les cerveaux malades, mais moins bien coordonnés.
  • Lors de stimulations sensorielles la dilatation des vaisseaux et la réponse calcique des astrocytes sont diminuées.
  • Et surtout, les pieds astrocytaires ne réagissent plus correctement aux changements des vaisseaux : leur réponse est plus lente, moins intense, et découplée de l’activité vasculaire.

👉 Ces résultats suggèrent que la perte de synchronisation entre astrocytes et vaisseaux pourrait jouer un rôle dans les troubles de la circulation cérébrale observés dans

Une étude écarte l’hypothèse d’un vieillissement cérébral plus rapide chez les femmes. Une équipe de chercheurs a analysé plus de 12 000 IRM cérébrales de personnes âgées de 17 à 95 ans, sans troubles cognitifs, pour comparer l’évolution structurelle du cerveau chez les hommes et les femmes. L’objectif : déterminer si les différences de vieillissement cérébral exprimées par des changements de taille des zones cérébrales (exemples : volume, surface) peuvent expliquer pourquoi les femmes sont plus souvent diagnostiquées Alzheimer que les hommes.

Les résultats montrent que les hommes présentent une détérioration plus marquée du cerveau avec l’âge dans plusieurs régions clés (zones sous-corticales et corticales), alors que les femmes montrent globalement moins d’atrophie. Elles présentent cependant une plus grande expansion des ventricules cérébraux, sans que cela ne suffise à expliquer leur risque accru de maladie d’Alzheimer.

Le vieillissement cérébral “normal” ne semble donc pas pouvoir expliquer pourquoi les femmes sont davantage touchées par Alzheimer. Cette étude invite à explorer d’autres pistes : facteurs hormonaux, génétiques (comme le gène APOE ε4), espérance de vie plus longue, ou encore différences socioculturelles dans le diagnostic.

Et si, au lieu d’essayer de cibler le cerveau, on réparait sa propre barrière de protection ?
Cette barrière protectrice, appelée barrière hémato-encéphalique, filtre les échanges entre le sang et le cerveau lui-même. Dans la maladie d’Alzheimer, elle devient moins efficace et n’élimine plus correctement les éléments toxiques, dont la protéine amyloïde, responsable de la formation des fameuses plaques dans le cerveau.

Des chercheurs ont mis au point de minuscules vésicules exprimant la protéine LRP1, capable de réactiver le système naturel d’élimination de l’amyloïde. Testées chez des souris atteintes de déficits de type Alzheimer, elles ont permis de réduire presque de moitié la quantité d’amyloïde dans le cerveau en seulement deux heures.

Résultat : la barrière protectrice s’est renforcée, et les souris ont retrouvé mémoire et capacités d’apprentissage, des effets qui ont duré plusieurs mois après le traitement.

💡 Une avancée prometteuse : plutôt que d’attaquer directement les plaques, les chercheurs réparent le système de protection et de nettoyage du cerveau lui-même.

Faire la différence entre les premiers signes de la maladie d’Alzheimer et un simple vieillissement du cerveau reste un défi pour les médecins. Le stade intermédiaire, appelé trouble cognitif léger (MCI), correspond souvent à une phase de transition, où certains troubles de la mémoire apparaissent, sans qu’il soit encore possible de poser un diagnostic certain par les techniques actuelles.

Des chercheurs ont mis au point une approche d’intelligence artificielle (IA) capable d’analyser des images IRM du cerveau pour repérer ces différences plus finement. Leur méthode repose sur des réseaux de neurones profonds, inspirés du fonctionnement du cerveau humain, qui apprennent à reconnaître les schémas caractéristiques d’Alzheimer (c’est-à-dire les modifications structurelles de certaines zones cérébrales).

Pour améliorer la fiabilité, les scientifiques ont combiné plusieurs modèles d’IA et ajouté une étape d’analyse visuelle : grâce à un outil appelé Grad-CAM, le système montre sur une image du cerveau les zones qui ont guidé sa décision. Ces cartes ciblées mettent en évidence des régions bien connues pour être touchées dans Alzheimer, comme l’hippocampe et le cortex temporal, confirmant la cohérence du modèle.

Résultat : cette IA atteint une précision de plus de 99 % pour distinguer Alzheimer d’un trouble cognitif léger, et plus de 91 % pour différencier un trouble léger d’un cerveau sain. Des performances remarquables qui ouvrent la voie à un diagnostic plus précoce et moins invasif, à partir d’une simple IRM.

Une avancée prometteuse qui montre comment l’intelligence artificielle peut devenir un allié du médecin, en détectant les signes invisibles à l’œil humain tout en les expliquant de façon transparente.

/ En bref – Ce qu’il faut retenir

  • Les astrocytes, cellules de soutien du cerveau, qui perdent leur coordination avec les vaisseaux sanguins dans Alzheimer, perturbent la circulation et le métabolisme cérébral.
  • Le cerveau des femmes ne vieillit pas plus vite que celui des hommes : leur risque plus élevé d’Alzheimer s’explique sans doute par d’autres facteurs hormonaux, génétiques ou sociaux.
  • Réparer la barrière hémato-encéphalique, , permettrait d’éliminer plus efficacement la protéine amyloïde et de restaurer la mémoire.
  • L’intelligence artificielle atteint plus de 99 % de précision pour différencier Alzheimer du simple vieillissement cérébral à partir d’IRM, ouvrant la voie à un diagnostic plus précoce.

/ Rendez-vous dimanche prochain !

De la biologie cellulaire à l’intelligence artificielle, la recherche avance sur tous les fronts pour percer les mystères du cerveau. Ces études rappellent combien les approches interdisciplinaires — associant neurosciences, imagerie, technologie et IA — sont essentielles pour faire progresser la connaissance et préparer les traitements de demain.

En comprenant mieux le fonctionnement du cerveau et ses failles, nous renforçons aussi nos moyens de prévention et d’action contre la maladie d’Alzheimer.


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