Chaque jour, sans que nous en ayons conscience, notre mémoire trie, sélectionne, organise et restitue des milliers d’informations. C’est elle qui nous permet de reconnaître un visage, de suivre une conversation, d’apprendre un trajet, de nous rappeler un événement important… ou d’oublier ce qui est secondaire. Mais comment ce système complexe fonctionne-t-il concrètement au quotidien et pourquoi certaines informations s’ancrent-elles durablement tandis que d’autres disparaissent plus rapidement ?

/ Les différentes formes de mémoire
La mémoire est constituée de plusieurs systèmes complémentaires, chacun ayant une fonction précise.
La mémoire de travail
Elle permet de garder une information en tête pendant quelques secondes ou minutes. C’est elle qui nous aide à suivre le fil d’une conversation, retenir une consigne ou manipuler mentalement une idée.
La mémoire épisodique
Elle concerne nos souvenirs personnels. Elle réunit des éléments très variés, comme un lieu, une sensation ou une émotion, pour former un souvenir cohérent.
La mémoire sémantique
Elle regroupe nos connaissances générales. Elle contient les mots que nous utilisons, les concepts que nous comprenons et les faits que nous apprenons. Par exemple, cette mémoire nous permet de savoir que Paris est la capitale de la France ou de connaître la définition d’un mot.
La mémoire procédurale
Elle concerne les automatismes et les gestes appris. Une fois installés, ces savoir-faire deviennent naturels et ne demandent presque plus d’attention. Grâce à cette mémoire, nous savons faire du vélo, conduire une voiture ou utiliser le clavier de notre ordinateur.
La mémoire perceptive
Elle enregistre brièvement des impressions liées aux sens, comme un son ou une odeur. Ces traces très courtes peuvent parfois servir de point d’entrée à un souvenir plus large. La mémoire perceptive nous permet de reconnaître une voix, remarquer un parfum familier ou d’identifier instantanément un visage.
/ Comment le souvenir se forme-t-il ?
La création d’un souvenir mobilise plusieurs régions du cerveau selon le type de mémoire concerné.
- L’attention, assurée en grande partie par le cortex préfrontal, permet d’intégrer correctement l’information.
- L’hippocampe intervient ensuite pour relier entre eux les éléments d’une situation, ce qui est essentiel pour la mémoire épisodique qui rassemble nos souvenirs personnels.
- Les réseaux sensoriels du cortex participent aussi à cette étape en fournissant les sons, les images ou les odeurs qui donneront de la richesse au souvenir.
- Lorsque les connaissances générales sont mobilisées, le cortex temporal joue un rôle central dans la mémoire sémantique.
- Les gestes et les automatismes, eux, s’appuient plutôt sur les ganglions de la base et le cervelet, qui stabilisent progressivement la mémoire procédurale.
- Une fois la trace mnésique installée, le sommeil contribue à la stabiliser dans le temps en renforçant certaines connexions.
Lorsque nous tentons de retrouver un souvenir, ces mêmes réseaux cérébraux sont réactivés, parfois plus facilement pour certains types de mémoire que pour d’autres.
/ Pourquoi notre mémoire fluctue-t-elle d’un jour à l’autre
Il est normal que la mémoire soit plus efficace certains jours que d’autres. Plusieurs facteurs influencent ce fonctionnement. Un sommeil de bonne qualité contribue à renforcer les souvenirs récents et facilite l’apprentissage. Le niveau d’attention joue un rôle essentiel, car une information mal perçue est difficile à mémoriser ensuite. Les émotions peuvent soit aider, soit perturber la mémorisation selon leur intensité. La répétition aide à consolider les traces importantes. Le stress, au contraire, peut gêner l’encodage ou le rappel d’une information. Le contexte dans lequel une information est apprise peut également servir de repère lors du rappel.
Ces variations sont naturelles et reflètent le caractère vivant et adaptable de notre mémoire.
/ L’oubli, un mécanisme normal et utile
L’oubli fait partie intégrante du fonctionnement de la mémoire. Il permet au cerveau de ne pas être saturé et de privilégier ce qui est utile. Une information peut s’effacer progressivement si elle n’a pas été suffisamment remarquée, répétée ou associée à d’autres éléments. Il est également possible que des souvenirs similaires se concurrencent, ce qui en rend certains moins accessibles. Loin d’être un signe systématique de trouble, l’oubli est un processus protecteur et sélectif qui contribue à l’efficacité générale du système mnésique.
/ Ce qu’il faut retenir
Notre mémoire n’est pas un simple répertoire de souvenirs, mais un ensemble de processus dynamiques qui fonctionnent en continu. Elle nous permet de comprendre le monde, de nous adapter, de prendre des décisions, d’apprendre, de nous souvenir et d’exister en tant qu’individu. Elle dépend à la fois de nos réseaux cérébraux, de nos habitudes de vie, de notre état émotionnel et du contexte dans lequel nous évoluons. Comprendre son fonctionnement aide à mieux accueillir ses variations, à entretenir ses forces et à repérer plus facilement lorsqu’un changement important apparaît.
/ Renforcer sa mémoire au quotidien
Entretenir sa mémoire c’est entretenir son capital cerveau. Pour entretenir sa mémoire, certaines méthodes simples peuvent être très utiles. La Fondation Alzheimer collabore avec Sébastien Martinez, champion de France de mémoire, pour proposer une série de vidéos accessibles à tous. Elles montrent comment utiliser les meilleures méthodes, comme la visualisation, les associations d’idées ou des techniques d’attention pour mieux retenir une information, mémoriser une liste ou apprendre quelque chose de nouveau. Ces vidéos offrent des outils ludiques, concrets, faciles à essayer chez soi, pour mieux comprendre comment fonctionne sa mémoire et comment la stimuler au quotidien.
Playlist disponible sur notre chaîne YouTube :
Références :
Sridhar S, Khamaj A, Asthana M K. Cognitive neuroscience perspective on memory overview and summary. Frontiers in Human Neuroscience, 2023 et INSERM. Dossier Mémoire.

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