Une nouvelle expérience, qu’il s’agisse de découvrir un lieu, de faire une rencontre ou d’apprendre une information inattendue, déclenche instantanément des changements dans notre cerveau. Ces moments de nouveauté ne sont pas de simples épisodes passagers. Ils activent des mécanismes précis qui permettent de repérer, d’enregistrer et parfois d’intégrer durablement ce qui vient d’être vécu. Comprendre ces processus aide à savoir pourquoi certaines expériences nous marquent alors que d’autres s’effacent rapidement.

/ Comment le cerveau repère la nouveauté ?
Lorsqu’une situation nouvelle se présente, le cerveau compare en permanence ce que nous percevons avec nos souvenirs et nos expériences passées. Des travaux en neurosciences ont montré que ce système fonctionne un peu comme un radar interne.
Si les éléments perçus ne correspondent à rien de familier, certaines régions impliquées dans la mémoire, situées notamment dans les structures médiales du cerveau, se mettent à signaler que “quelque chose ne correspond pas à ce qui est attendu”.
L’étude menée par A. Kafkas et B. Montaldi[1] a montré que ce mécanisme repose sur deux processus complémentaires : la reconnaissance de ce qui est familier et la détection active de ce qui est distinct ou inattendu. Lorsque la nouveauté est identifiée, l’activité cérébrale change immédiatement, ce qui permet d’accorder davantage d’attention à l’événement.
/ Comment le cerveau réagit à la surprise ?
Une fois la nouveauté repérée, le cerveau déclenche une réponse qui amplifie l’attention et l’engagement.
L’étude d’A. Modirshanechi[2] et de ses collègues a montré que surprise et nouveauté activent des réseaux cérébraux liés à l’attention, à la motivation et à la récompense. Cette réaction implique des messagers chimiques particuliers qui augmentent l’intérêt pour ce qui vient d’être vécu.
Le cerveau met alors l’expérience sous le projecteur, comme pour dire « c’est important, traite cette information en priorité”. Cette réaction facilite l’encodage du moment, et augmente les chances que l’expérience soit retenue plus tard.
/ Comment la nouvelle expérience devient un souvenir ?
Pour qu’une nouvelle expérience devienne un souvenir durable, elle doit être intégrée dans notre système de mémoire. Une fois l’alerte de nouveauté lancée et l’attention renforcée, le cerveau regroupe les éléments perçus : les visuels, les sons, les émotions, le contexte. L’hippocampe intervient pour organiser ces fragments et les relier entre eux.
Kafkas et Montaldi[1] expliquent que la nouveauté favorise ce processus d’intégration. En effet, elle renforce les échanges d’informations entre les régions qui repèrent ce qui est nouveau et celles qui construisent la mémoire durable. Avec le temps, certaines connexions ou synapses se stabilisent, ce qui transforme l’expérience en souvenir utilisable.
/ Pourquoi certaines expériences nous marquent-elles davantage ?
Toutes les nouveautés ne deviennent pas des souvenirs marquants. Les travaux neuroscientifiques montrent que trois éléments jouent un rôle clé :
- l’intensité de la nouveauté
- le caractère inattendu de l’événement
- l’implication émotionnelle
Plus un événement sort de l’ordinaire ou surprend, plus les réseaux de détection et de réaction sont activés. C’est ce qui explique pourquoi un voyage marquant, une annonce importante ou une rencontre inattendue restent profondément ancrés, tandis que d’autres expériences disparaissent plus vite.
/ Ce que cela implique dans la vie quotidienne
Comprendre cette dynamique nous montre que la mémoire se nourrit de nouveauté.
Découvrir de nouveaux environnements, changer ses habitudes, rencontrer des personnes différentes ou apprendre de nouvelles choses stimule naturellement les mécanismes de détection de nouveauté.
Partager une expérience, en discuter, l’écrire ou y repenser renforce ensuite son intégration dans la mémoire. La mémoire n’est donc pas seulement un enregistrement automatique mais un processus actif, sensible à ce qui attire notre attention et sort du cadre habituel.
/ Ce que cela change pour nous
Vivre une nouvelle expérience déclenche une série de réactions essentielles dans le cerveau. Celui-ci repère ce qui change, réagit pour donner du sens à l’événement et cherche ensuite à l’intégrer dans nos connaissances. Cette dynamique, étudiée en profondeur par les neurosciences, explique comment nous apprenons et pourquoi certains instants deviennent des repères importants dans notre histoire personnelle.
Mieux comprendre ce processus aide à entretenir sa mémoire et à accompagner les personnes chez qui ces mécanismes fonctionnent différemment.
Références :
[1] How do memory systems detect and respond to novelty? – A Kafkas & B. Montaldi (2018) https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6565889
2] Surprise and novelty in the brain – A. Modirshanechi et al. (2023) https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959438823000831

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