Chaque semaine, La Minute Cerveau & Recherche vous propose un tour d’horizon des dernières avancées scientifiques sur les maladies neurocognitives, dont la maladie d’Alzheimer.
Au sommaire de ce nouvel épisode :
🔬 une découverte qui relie pollution de l’air et maladie à corps de Lewy
⚡ un test cérébral ultra-rapide pour détecter les troubles de la mémoire
💉 et une décision française importante concernant un traitement attendu
Trois actualités pour mieux comprendre les enjeux actuels de la recherche et ce que cela peut changer demain pour les patients et leurs familles.
/ Les actualités de l’épisode 8 – du 7 au 14 septembre 2025
1. Particules fines : un risque accru de maladie à corps de Lewy
Quand on parle de pollution de l’air associée à un risque de maladies neurocognitives, de quoi s’agit-il ? La pollution de l’air correspond à la présence de particules toxiques décelables dans l’air que nous respirons. Une particule fine en particulier, la PM2,5 a été identifiée récemment comme étant associée dans la maladie à corps de Lewy. Les PM2,5 sont les particules dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres (40 fois plus fine qu’un cheveu). De par leurs petites tailles, elles persistent dans l’air et peuvent atteindre sans difficulté notre système respiratoire. En utilisant de larges échantillons de données médicales, des chercheurs ont découvert qu’il existait un lien étroit entre l’exposition accrue aux particules PM2,5 et le niveau d’hospitalisation pour cause de maladie à corps de Lewy. Pour mieux comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires sous-jacents, ils ont analysé les effets de l’administration de particules PM2,5 chez la souris. Ils ont observé des déficits cognitifs, des dépôts, dans le cerveau et certains organes, de protéine Tau mais aussi de la protéine synucléine. Cette protéine s’accumule dans le cerveau des patients et forme des structures appelées corps de Lewy qui ont donné leur nom à cette maladie neurocognitive. Les chercheurs concluent que les particules PM2,5 et les dépôts de synucléine ainsi formés seraient responsables de modification de l’expression des gènes mimant la maladie à corps de Lewy. Cette découverte insiste sur l’importance de mesures environnementales pour limiter au maximum l’exposition aux particules fines et la nécessité d’effectuer un suivi régulier des niveaux de cette pollution.
2. Un test EEG rapide pour détecter Alzheimer ?
A la recherche d’un nouveau biomarqueur de la maladie d’Alzheimer, plus précoce, moins invasif et peu couteux, une équipe de recherche propose l’utilisation de l’électroencéphalographie (EEG) pour répondre à ce besoin. L’EEG est la mesure de l’activité électrique du cerveau grâce aux ondes cérébrales. Les chercheurs ont inventé le système appelé « Fastball » : une analyse de l’activité EEG en réponse à des stimulations visuelles pendant 3 minutes. En pratique, l’individu effectue un test de reconnaissance d’images ne nécessitant pas de réponse explicite de sa part mais il doit simplement regarder les images présentées. Lorsqu’une image préalablement mémorisée est montrée, les chercheurs détectent des variations d’activité électrique significatives de la mémorisation. Chez les patients Alzheimer, le système Fastball permet de détecter les troubles de mémorisation en comparaison avec des sujets sans trouble cognitif.
Dans une étude récente, les chercheurs ont été capable de mettre en évidence des déficits de mémorisation avec le Fastball chez les patients ayant des troubles précoces. Ils ont donc conclu que le système représentait un marqueur très précoce des problèmes de mémorisation en lien avec les symptômes de la maladie d’Alzheimer, pouvant être facilement utilisé en complément des autres biomarqueurs existants.
3. L’accès précoce au Leqembi® (lécanémab) refusé en France
Dans la course à la mise sur le marché du Leqembi® (Lécanémab), nous assistons à des prises de décisions très différentes d’un pays à l’autre. Il s’agit d’un traitement par immunothérapie, c’est-à-dire utilisant des anti-corps anti-amyloïdes capables d’éliminer les dépôts présents dans le cerveau de malades. Indiqué dans les formes précoces de maladie d’Azheimer, ce médicament réduit la présence des plaques amyloïdes et ralentit la progression des troubles cognitifs de 27% au bout de 18 mois de traitement.
La Haute Autorité de Santé (HAS) en France devait évaluer une demande d’accès précoce du médicament, c’est-à-dire pour les malades au stade léger et précoce de la maladie d’Alzheimer. L’agence a estimé que la balance bénéfice/risque (amélioration clinique/effets indésirables) n’était pas suffisante pour justifier d’un accès précoce. Cette décision ne préjuge pas de la décision qui sera rendue dans la demande d’autorisation classique toujours en cours d’examen.
/ Ce qu’il faut retenir cette semaine :
Trois nouvelles études renforcent le rôle central de la prévention et du métabolisme cellulaire dans la maladie d’Alzheimer.
1️⃣ Pollution et cerveau : les particules fines PM2,5 pourraient jouer un rôle dans le développement de la maladie à corps de Lewy, en favorisant l’accumulation de protéines anormales.
2️⃣ Un test EEG simple : un nouvel outil basé sur l’électroencéphalographie (Fastball) permettrait de détecter très tôt les troubles de mémorisation liés à Alzheimer.
3️⃣ Traitements anti-amyloïdes : en France : la Haute Autorité de Santé refuse l’accès précoce au Lécanemab.
/ Rendez-vous dimanche prochain !
Face aux espoirs et aux limites des traitements actuels, la recherche continue d’explorer toutes les voies : prévention, diagnostic, environnement et biologie du cerveau.
Merci de suivre La Minute Cerveau & Recherche, et à très vite pour le prochain épisode !