Maladie d’Alzheimer : ce que nous apprennent les ours !

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La maladie d’Alzheimer est caractérisée en partie par l’accumulation anormale d’une protéine Tau anormalement phosphorylée sous forme d’agrégats dans nos neurones. Il s’agit d’une modification de la composition de la protéine par l’ajout d’une molécule de phosphate. Des données issues du monde animal nous apprennent que ce mécanisme en condition physiologique, pendant l’hibernation par exemple, pourrait être protecteur pour notre cerveau.

Crédit photo : congerdesign, via Pexels

/ Pourquoi la protéine Tau se modifie par le processus de phosphorylation ?

La protéine Tau est responsable du maintien du squelette interne des cellules de notre organisme. Dans les cellules nerveuses, son rôle est fondamental puisqu’elle permet le transport des substrats intracellulaires, notamment le long du neurone. On peut la retrouver à l’état phosphorylé ou dé-phosphorylé selon les besoins de la cellule. Ce processus normal change la fonction de la protéine et lui confère des propriétés nouvelles. Dans la maladie d’Alzheimer, les protéines Tau sont anormalement phosphorylées, ce qui induit la formation d’agrégats.

/ L’hibernation, un exemple de neuroprotection ?

L’hibernation est un processus physiologique naturel qui concerne plusieurs espèces d’animaux sauvages. Il s’agit de ralentir puis stopper toute activité durant la période de l’hiver. Cet état très particulier provoque la baisse de la température corporelle, une diminution de la respiration, de la fréquence cardiaque et du métabolisme. En ce qui concerne le cerveau, l’activité neuronale est réduite très significativement.

Plusieurs études ont révélé que lors de l’hibernation, les animaux présentaient une augmentation de la phosphorylation de la protéine Tau associée à la formation d’agrégats transitoires, un état qui revient très rapidement à la normale lors du réveil au printemps.  Une étude récente sur les ours, réalisée par une équipe de chercheurs suédois (Blennov et Frobert), montre que le niveau de la protéine Tau phosphorylée dans le sang de ces animaux double voire même triple durant l’hibernation. Ces niveaux sont de nouveaux normaux très rapidement après le réveil (de quelques heures à quelques jours).

/ Le message à retenir

Ce phénomène physiologique intrigue une partie de la communauté scientifique car la phosphorylation anormalement élevée de la protéine Tau dans le contexte de la maladie d’Alzheimer est considérée comme un évènement néfaste pour les cellules. Elle entraine leur perte de fonctions du fait de son accumulation. Toutefois, les chercheurs suédois ont utilisé les données recueillies lors de l’hibernation pour repenser le rôle de la phosphorylation de la protéine Tau.

Et si ce mécanisme physiologique d’hyperphosphorylation était un moyen de protéger les neurones durant les périodes d’inactivité neuronale dans une situation où l’inactivité neuronale est temporaire, contrairement au patient atteint de maladie d’Alzheimer chez qui elle est progressive et chronique. Ces travaux ouvrent de nouvelles hypothèses quant à la compréhension des mécanismes pathophysiologiques liant la phosphorylation de la protéine Tau et la maladie d’Alzheimer ouvrant des voies potentielles vers la découverte de nouveaux traitements visant la protéine Tau.

Source : Alzforum

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