La perte de mémoire est-elle LE bon prédicteur de la maladie d’Alzheimer ?

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Parmi les signes cliniques les plus précoces dans le développement de la maladie d’Alzheimer, les études s’accordent pour lister en premier lieu les pertes de mémoire (l’amnésie ). L’utilisation de ce signe clinique comme prédicteur de la maladie est largement plébiscitée puisqu’elle est non invasive, rapide et peu couteuse. Il est important de signaler que l’amnésie n’est pas seulement un signe de la maladie d’Alzheimer, elle est également présente dans d’autres démences et dans les maladies psychiatriques, telles que la dépression. Il est donc fondamental de revoir l’hypothèse de l’amnésie comme prédicteur principal de la maladie d’Alzheimer.

© Cotton Bro, Pexels

/ L’amnésie comme signe précoce de la maladie d’Alzheimer ?

Une équipe française a réévalué cette hypothèse dans le contexte d’une étude clinique multicentrique portant sur 91 patients suivis jusqu’à leur fin de vie. Les individus ont subi des tests de mémoire et de rappel de mots, ainsi qu’une batterie de tests de dépistage de démences. Des analyses post-mortem ont également été menées pour détecter la présence de protéines accumulées et toxiques, caractéristiques des maladies neurodégénératives : les protéines Tau, amyloïde, prion, TDP43 et synucléine. Les résultats indiquent que dans la population étudiée, l’âge moyen d’apparition des symptômes est de 65 ans. Des analyses croisées montrent que parmi les cas présentant une amnésie sévère, 73% des individus ne souffraient pas de la maladie d’Alzheimer, tandis que parmi les cas ne présentant pas d’amnésie, 70% des individus souffraient de la maladie d’Alzheimer.

/ Les tests de mémoire pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer sont-ils fiables ?

La valeur prédictive de l’amnésie est donc clairement remise en question par cette équipe de recherche, notamment l’utilisation des tests cognitifs basés sur le rappel libre et indicé. Pour pallier cette limitation, il est donc crucial pour les professionnels de santé de mettre en place des batteries de tests élargies incluant des tests de mémoire mais également des examens comportementaux complets, d’autres évaluations neuropsychologiques adaptées, et des analyses de biomarqueurs (liquide céphalorachidien, imagerie du cerveau) permettent de renforcer la fiabilité du diagnostic.

Source : Neurobiology of Aging 2020

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