En direct de l’AAIC à Amsterdam, le 17 juillet 2023

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La présentation des résultats de l’essai clinique de phase 3 du Donanemab

Le 23 juin dernier, nous vous avions présenté les informations issues d’un communiqué de presse publié par les laboratoires Eli-Lilly à propos des premiers résultats d’un nouveau médicament destiné à ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer. Les résultats définitifs de cet essai ont été annoncés au dernier congrès mondial sur la maladie d’Alzheimer (AAIC) qui se déroule en ce moment à Amsterdam, et ont été publiés simultanément dans une revue scientifique internationale, le JAMA.

/ Un troisième médicament anti-amyloïde avec deux innovations dans la conception de son essai clinique

Le laboratoire Eli-Lilly vient donc de publier les résultats détaillés de son essai clinique de phase 3, l’étude TRAILBLAZER-ALZ 2, sur le donanemab, un médicament anti-amyloïde dont l’objectif est d’éliminer les dépôts amyloïdes, une protéine qui s’accumule anormalement dans le cerveau des patients. C’est le troisième médicament de cette classe à être étudié dans un essai clinique chez l’homme après l’Aducanemab et le Lecanemab.

Comme ses prédécesseurs, il élimine effectivement bien l’amyloïde comme constaté au scanner radiologique à émission de positon détectant l’amyloïde. Bien qu’il soit difficile de comparer ces trois médicaments entre eux pour des différences importantes dans la conception de leurs études cliniques, l’efficacité du Donanemab sur la réduction du marqueur biologique amyloïde semble plus importante. Cette efficacité a même amené les auteurs de l’étude à stopper les injections du médicament quand l’élimination de cette protéine avait entraîné un effondrement majeur de la charge amyloïde cérébrale.

De plus les auteurs de l’étude ont utilisé un nouveau marqueur biologique dans l’analyse de l’effet du Donanemab, un scanner à émission de positon détectant tau. Comme pour l’amyloide, cet examen radiologique mesure la quantité de protéines tau dans le cerveau des patients. La protéine tau est l’autre protéine qui s’accumule anormalement dans le cerveau des patients et qui est associée aux dégénérescences neurofibrillaires qui détruisent les neurones. Le Donanemab s’est montré plus efficace chez les patients qui présentaient une charge cérébrale en protéine tau faible à modérée que chez ceux présentant une charge importante.

/ Un bénéfice clinique toujours modéré et des effets indésirables relativement importants

Comme pour les deux autres médicaments anti-amyloïdes, le Donanemab ne guérit pas définitivement la maladie, mais ralentit son évolution. Il est plus particulièrement indiqué dans les formes très précoces de maladie d’Alzheimer, à un stade débutant et chez les patients qui présentent une charge cérébrale faible à modérée de protéine tau. Dans le cas de ces derniers, le ralentissement se traduit par l’absence d’aggravation clinique de la maladie chez 47% des patients traités, contre seulement 29% des patients sous placebo. Néanmoins, comme avec les deux autres traitements anti-amyloïdes, les effets indésirables touchent environ un tiers de patients, avec pour 8% d’entre eux la nécessité d’arrêter leur utilisation. Ces effets indésirables sont plus importants chez les patients porteurs de deux formes 4 du gène de l’apolipoprotéine E associés à un risque multiplié par 15 de développer une maladie d’Alzheimer.

/ Mais un élan majeur pour la recherche thérapeutique et un espoir pour les patients

Ce troisième médicament anti-amyloïde vient confirmer l’efficacité de cette classe de médicaments anti-Alzheimer sur l’élimination d’une des lésions majeures retrouvées dans le cerveau des patients, les plaques amyloïdes. La mise sur le marché américain de deux d’entre eux, l’Aducanumab et plus récemment le Lecanemab, est une avancée majeure pour convaincre les grands laboratoires pharmaceutiques de se lancer à nouveau dans la course à la découverte de traitements innovants dans la maladie d’Alzheimer. Les échecs à répétition des vingt dernières années avaient amené ces laboratoires à se désintéresser de ce champ de recherche.

Il faut considérer cette classe thérapeutique de médicaments comme le premier pas vers une nouvelle prise en charge de la maladie d’Alzheimer. Comme d’autres maladies chroniques liées à l’âge (maladies cardiovasculaires, maladies métaboliques…), la maladie d’Alzheimer doit pouvoir bénéficier de mesures de prévention associées à des combinaisons de médicaments adaptées à chaque patient. Ces médicaments anti-amyloïde sont les premiers d’entre eux. D’autres, en cours de développement, notamment visant à éliminer la protéine tau, l’autre protéine qui s’accumule dans le cerveau des patients, viendront dans les prochaines années enrichir notre pharmacopée anti-Alzheimer.

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