Brain Health Services ou Services de santé cérébrale : un exemple d’organisation de la prévention au service de la lutte contre la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées

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La lutte contre la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées est une priorité de l’Organisation Mondiale de la Santé. Parmi les actions possibles, la prévention permet de réduire la survenue de telles pathologies. Un projet européen en faveur de la prévention propose la création de « Brain Health Services » ou services de santé cérébrale. Ces structures pourraient répondre aux besoins croissants des populations non malades mais qui présentent des risques d’Alzheimer.

Photo by Martha Dominguez de Gouveia on Unsplash

/ Naissance de nouvelles structures dédiées à la prévention de la santé cérébrale

Les « Brain Health Services » (BHS) ou services de santé cérébrale ont été baptisés ainsi pour souligner l’importance d’améliorer les fonctions cognitives en général grâce à des structures spécifiques. Le projet consiste à répondre aux besoins d’adultes d’âge moyen ou plus âgés qui souhaitent évaluer leurs risques d’Alzheimer et de maladies apparentées, et préserver leurs capacités cognitives, voir même les améliorer. Il peut s’agir par exemple d’individus ayant un déclin cognitif subjectif (sans atteinte détectable par les outils de diagnostic clinique), des troubles cognitifs fonctionnels (plus ou moins constants dans le temps), ou des individus sains inquiets (pouvant avoir une histoire familiale en lien avec la maladie) . Les accès à ces structures pourraient être dans un premier temps sur référencement de spécialistes ou de centres mémoire, puis si la demande s’accroit par accès direct des demandeurs.

Les missions des BHS sont au nombre de 4 :

  1. La caractérisation de profils à risque selon des facteurs identifiés de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées (ex : environnement, génétique, biomarqueurs, etc.),
  2. La communication des risques identifiés (ex : révélation des risques personnalisée ou selon des procédures standards),
  3. La réduction de ces risques par la prévention primaire et secondaire (ex : alimentation, activité physique, santé vasculaire, etc.),
  4. La stimulation cognitive (ex : stimulation mentale, cognitive, physique).

/ Mise en œuvre sur le terrain

Les BHS doivent être dotés d’une expertise multidisciplinaire qui regroupe entre autres la neurologie, la gériatrie, la psychiatrie, la neuropsychologie et les sciences sociales. Chaque professionnel, en fonction de sa discipline, apportera ses compétences dans la prise en charge des individus. La communication des risques pourrait être confiée aux psychologues, tandis que l’interprétation des examens biologiques, pourrait être confiée aux médecins spécialistes. Il faut noter que l’éducation des futurs professionnels aux principes des BHS est une étape fondamentale à prendre en considération.

L’offre proposée dans les BHS pourra varier selon les ressources et les expertises disponibles. Il est envisageable de prévoir différents niveaux, du plus basique au plus avancé. Le niveau avancé pourrait par exemple correspondre à des structures capables de prendre en charge les analyses d’imagerie complexe liées aux biomarqueurs moléculaires, tels que l’amyloïde et de proposer des techniques de stimulation cognitive, telles que la stimulation cérébrale non invasive.

En termes de gestion, les BHS peuvent être indépendants ou partenaires des centres mémoires déjà existants. Le partenariat permet une optimisation des ressources. Aussi, les centres mémoires trouveraient-ils là un point de référence pour les individus non malades mais qui nécessitent un suivi du fait de la présence de facteurs de risques. Cela permettrait de fluidifier le fonctionnement des centres mémoires.

/ Enjeux et perspectives à long terme

Bien que l’on comprenne l’intérêt de telles structures, il est nécessaire de bien comprendre les enjeux associés.

Le premier enjeu est relatif à l’équité dans l’accessibilité aux BHS. Ce type de programme semble difficilement finançable par les aides publiques. Au démarrage, les structures pourraient appartenir à des organisations privées où les individus auraient recours à leurs fonds propres.  Ceci-dit, il est crucial de réfléchir à l’inclusion des populations les moins aisées qui sont très probablement celles qui en tireraient le plus de bénéfices. En particulier l’affiliation à un centre mémoire pourrait permettre une assimilation des frais par les entités publiques sociales. Le second enjeu est lié à l’étendue de la prise en charge. Doit-on envisager des approches individuelles ou collectives ? Il semblerait que des actions de sensibilisation collective pourraient être engagées mais que la priorité reste la dimension personnalisée du soin.

Pour pérenniser les actions des BHS, l’allocation de financements sera nécessaire. Il convient d’envisager un modèle économique initialement fondé sur des apports privés non lucratifs par exemple, puis incluant progressivement les acteurs publics pour un financement plus centralisé. Pour promouvoir l’équité et la pertinence des BHS, les structures doivent également s’engager dans la recherche.

Du fait des avancées technologiques et des efforts de sensibilisation à grande échelle, l’avenir des BHS devrait être facilité. On peut citer notamment le recours aux biomarqueurs sanguins pour détecter la présence des protéines amyloïde et tau, ou encore l’utilisation de techniques de prévention multi-domaines pour prévenir la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées.

Les BHS représentent donc un outil de prévention potentiel pour tous les individus à risque.

Source : Alzheimer Research and Therapy 2021

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