Radiothérapie pour cancer du sein : un effet protecteur contre Alzheimer ? 

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Après un cancer du sein, on pense surtout à tourner la page, à se reconstruire, à profiter de la vie. Mais une nouvelle étude vient rappeler que le corps peut aussi réagir de manière inattendue. Des chercheurs sud-coréens ont observé que les femmes ayant survécu à un cancer du sein présentent, dans les cinq années qui suivent, un risque légèrement plus faible de développer la maladie d’Alzheimer. Un résultat porteur d’espoir.

/ Une vaste étude pour un signal encourageant

L’étude s’appuie sur les données de plus de 70 000 femmes sud-coréennes ayant subi une chirurgie pour un cancer du sein entre 2010 et 2016. Ces patientes ont été comparées à plus de 210 000 femmes sans antécédent de cancer, toutes âgées de 50 ans ou plus.

Sur une durée de suivi moyenne de 7,3 ans, les scientifiques ont constaté que les femmes ayant eu un cancer du sein développaient 8 % de cas d’Alzheimer en moins que les femmes du groupe témoin. Ce chiffre, bien qu’il puisse sembler modeste, est significatif à l’échelle de la population et soulève de nouvelles interrogations scientifiques.

/ Un effet qui s’estompe avec le temps

Cette protection semble limitée dans le temps. Elle est surtout marquée dans les cinq années suivant le traitement, puis tend à diminuer par la suite. Passé ce cap, le risque d’Alzheimer se rapproche de celui observé dans la population générale.

Pourquoi cette période précise ? Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses, sans pouvoir les confirmer à ce stade : stress biologique, stimulation immunitaire, effets des traitements sur le système nerveux… autant de pistes qui méritent d’être explorées.

/ La radiothérapie, un rôle particulier

L’analyse spécifique des traitements dans la tentative d’explication de cette relation inattendue, révèle un fait notable : la radiothérapie est associée à une baisse du risque encore plus marquée, estimée à 23 %. En revanche, la chimiothérapie et l’hormonothérapie ne semblent pas avoir d’impact évident sur la survenue d’Alzheimer dans cette cohorte.

Cela ne signifie pas que la radiothérapie protège le cerveau à elle seule. Mais cela suggère qu’un lien, direct ou indirect, pourrait exister entre certaines modalités de traitement et la santé cognitive à moyen terme.

/ Une découverte à accueillir prudemment

Cette étude ne permet pas d’établir de relation de cause à effet. Il s’agit d’une étude observationnelle, reposant sur des bases de données de santé, sans accès au détail des stades du cancer, des doses de traitement ou des facteurs de risque individuels. Et les résultats concernent une population coréenne, ce qui nécessite des confirmations dans d’autres pays et contextes médicaux.

Mais ces données soulignent un point important : les interactions entre maladies chroniques sont complexes, et elles peuvent surprendre… parfois dans le bon sens.

Cette étude offre une lueur d’espoir pour toutes les femmes ayant survécu à un cancer du sein. Non seulement elles ont surmonté une épreuve majeure, mais leur organisme pourrait aussi bénéficier, dans les années qui suivent, d’un sursis face à un autre combat : celui contre la maladie d’Alzheimer.

C’est un signal fort, qui incite à approfondir la recherche, à renforcer le suivi global des patientes après un cancer du sein, et surtout, à ne jamais sous-estimer la résilience du corps et du cerveau.

Source scientifique : Lim YJ, Lee JW, Suh YJ, et al. Comparison of the Risk of Alzheimer Disease Between Female Breast Cancer Survivors and Matched Controls. JAMA Netw Open. 2025;8(7):e2516468. doi:10.1001/jamanetworkopen.2025.16468 👉 Lire l’étude complète

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