Les fêtes ont cette capacité étonnante à faire remonter des souvenirs que l’on pensait lointains. Une odeur particulière, une chanson que l’on entend chaque année, une recette que l’on prépare depuis l’enfance… En quelques instants, tout un pan de notre histoire réapparaît. Ce phénomène repose sur la manière dont notre cerveau encode les expériences émotionnelles, sensorielles et sociales, autant d’éléments très présents dans les traditions festives.
/ Les émotions positives renforcent l’encodage
Les fêtes sont souvent des moments de joie, d’attachement, de surprise ou de complicité. Le cerveau retient beaucoup mieux ce qui est associé à une émotion. Lorsque nous vivons un moment chargé positivement, l’amygdale intervient pour renforcer l’encodage du souvenir et faciliter son rappel par la suite[1]. C’est pourquoi il suffit parfois d’une musique ou d’un objet pour retrouver une sensation chaleureuse ou un instant précis de notre passé.
/ Les odeurs et la musique réveillent des souvenirs très anciens
L’odorat et la musique jouent un rôle unique dans la mémoire. Les odeurs sont directement connectées aux régions émotionnelles et autobiographiques du cerveau, ce qui explique leur capacité à raviver des souvenirs intenses et anciens[2].
La musique, quant à elle, active des réseaux liés à l’identité personnelle, à l’émotion et à la mémoire autobiographique. Un simple air de fête peut ainsi faire ressurgir des épisodes très précis de notre histoire[3].
Les traditions, qui mobilisent souvent ces deux sens, laissent donc une empreinte durable.
/ Le lien social amplifie la mémoire
Les fêtes se vivent rarement en solitaire. Elles sont liées aux repas de famille, aux conversations, aux rituels partagés, aux histoires racontées chaque année. Le partage social d’un événement renforce sa mémorisation. Les échanges, les émotions collectives et les récits répétés améliorent la vivacité et la stabilité des souvenirs[4]. C’est la raison pour laquelle beaucoup de souvenirs festifs sont indissociables des personnes avec qui nous les avons vécus.
/ Pourquoi ces souvenirs restent si présents en vieillissant
Avec l’âge, les souvenirs anciens restent souvent plus accessibles que les souvenirs récents.
Les traditions festives ont été vécues pendant des décennies, souvent dans des contextes émotionnels forts et multisensoriels. Elles s’ancrent alors profondément, au point de devenir de véritables repères de vie.
Les traditions festives réveillent nos souvenirs parce qu’elles réunissent trois puissants moteurs de la mémoire : l’émotion, les sens et le lien social. Elles nous rappellent que la mémoire n’est pas seulement un enregistrement d’événements, mais aussi une trace vivante des moments partagés qui nous ont fait du bien.
Références :
[1] LaBar K. S. & Cabeza R. (2006). Cognitive neuroscience of emotional memory. Nature Reviews Neuroscience.
[2] Herz R. S. (2016). The role of odor-evoked memory in psychological and physiological health. Brain Sciences.
[3] Janata P. (2009). The neural architecture of music-evoked autobiographical memories. Cerebral Cortex.
[4] Hirst W. & Echterhoff G. (2012). Remembering in conversations: The social sharing and reshaping of memories. Annual Review of Psychology
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