Chaque semaine, la Fondation Alzheimer vous propose un tour d’horizon des dernières avancées scientifiques autour des maladies neurocognitives – et en particulier de la maladie d’Alzheimer. Voici les trois actualités marquantes de la semaine.
/ Episode 3 : semaine du 14 au 20 juillet 2025
1. Amyloïde et Tau… mais pas que ! D’autres protéines en cause ?
Depuis des décennies, la recherche sur Alzheimer s’est concentrée sur deux protéines bien connues des chercheurs: l’amyloïde et la protéine Tau. Leur accumulation anormale dans le cerveau est un des signes distinctifs de la maladie. Mais une nouvelle étude préclinique publiée dans Science Advances a révélé qu’elles ne sont pas les seules en jeu.
En analysant l’hippocampe de rats vieillissants, les chercheurs ont identifié plus de 200 autres protéines affectées par un repliement anormal, processus qui empêche les protéines de fonctionner correctement. Parmi elles, plusieurs jouent un rôle clé dans la production d’énergie cellulaire (fonction mitochondriale) et la lutte contre le stress oxydatif, deux fonctions essentielles pour la survie des neurones.
Ces découvertes renforcent l’idée que d’autres perturbations biologiques, au-delà d’amyloïde et Tau, pourraient contribuer au développement de la maladie. Elles ouvrent ainsi la voie à de nouvelles pistes de recherche et de traitements.
2. Des neurones en laboratoire pour mieux comprendre le cerveau humain
Des chercheurs ont réussi à générer 480 types de neurones humains différents à partir de cellules souches. Ces cellules souches, indifférenciées à l’origine, ont la capacité unique de se transformer en n’importe quel type de cellule spécialisée de l’organisme. Ici, elles ont été guidées en laboratoire pour devenir des neurones caractéristiques des différentes régions du cerveau et de la moelle épinière, offrant une cartographie sans précédent du développement cellulaire cérébral.
Cette avancée permet de mieux comprendre le processus de différenciation cellulaire et les mécanismes qui orientent les cellules vers un destin neuronal spécifique. En reproduisant les caractéristiques des neurones humains en laboratoire, les chercheurs disposent désormais d’un outil de modélisation puissant pour explorer les mécanismes des maladies neurodégénératives, comme Alzheimer, et tester de nouvelles approches thérapeutiques.
3. Tau et vulnérabilité cérébrale : pourquoi certaines régions sont plus touchées ?
Dans une étude récente, des chercheurs ont analysé les données d’imagerie de 196 patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Leur objectif ? Comprendre pourquoi la protéine Tau s’accumule davantage dans certaines zones du cerveau que dans d’autres.
Les résultats montrent que la présence de Tau est étroitement liée à l’expression locale de facteurs de risque génétiques. En testant plus de 100 de ces facteurs, les chercheurs ont identifié ceux qui influencent la production de Tau ou sa toxicité. Certains sont liés à la mort cellulaire, d’autres à la réponse immunitaire, au métabolisme ou à la production de peptide amyloïde.
Ces travaux aident à mieux comprendre la progression régionale de la maladie et suggèrent que des approches ciblées, tenant compte des profils génétiques et des zones vulnérables du cerveau, pourraient être plus efficaces..
4. Cypin : une petite protéine essentielle à nos connexions cérébrales
L’apprentissage, la mémoire ou encore la concentration reposent sur le bon fonctionnement de nos synapses, ces zones de contact où les neurones échangent des informations. À ce niveau, tout est une question d’équilibre : les protéines doivent être produites, transportées, puis éliminées rapidement lorsqu’elles sont usées ou en excès.
Pourquoi ? Parce qu’une accumulation anormale de protéines dans les synapses peut perturber la communication entre neurones, voire devenir toxique pour les cellules nerveuses. Il est donc essentiel que le cerveau dispose de mécanismes efficaces pour se « nettoyer ». Parmi ces mécanismes, l’ubiquitination joue un rôle clé : c’est un processus qui consiste à « étiqueter » les protéines à dégrader à l’aide d’une molécule appelée ubiquitine, avant leur élimination.
Une équipe de chercheurs s’est récemment penchée sur les acteurs de ce processus. Leur découverte : une petite protéine appelée Cypin est indispensable à la régulation de cette dégradation. Elle agit comme un régulateur fin du nettoyage neuronal au niveau des synapses.
Ces résultats enrichissent notre compréhension des mécanismes de protection du cerveau. En maintenant les connexions entre neurones en bonne santé, Cypin pourrait jouer un rôle important dans la prévention de maladies comme Alzheimer, où ces équilibres sont justement rompus.
/ Ce qu’il faut retenir cette semaine :
1️⃣ Plus de 200 protéines altérées dans le cerveau avec l’âge : une nouvelle piste au-delà de Tau et amyloïde.
2️⃣ Des neurones humains recréés à partir de cellules souches pour tester de futurs traitements.
3️⃣ Certains gènes rendent le cerveau plus vulnérable aux effets de la protéine Tau.
4️⃣ Cypin, une petite protéine clé pour préserver les connexions entre neurones et la mémoire.
🧠 Ces découvertes montrent à quel point les approches combinées – étude des protéines, modélisation cellulaire et génétique – sont essentielles pour avancer dans la compréhension de la maladie d’Alzheimer. Mieux connaître les mécanismes biologiques complexes associés aux maladies neurocognitives, c’est ouvrir la voie à de nouveaux diagnostics précoces et à des traitements plus ciblés.
📅 Rendez-vous dimanche prochain pour un nouvel épisode de La Minute Cerveau & Recherche.