Cette semaine, trois études apportent un éclairage précieux sur l’évolution des troubles cognitifs, les capacités de l’IRM à détecter des signes très précoces d’Alzheimer et le rôle du cholestérol dans le vieillissement cérébral. À travers ces travaux, la recherche continue d’affiner sa compréhension de la maladie et des facteurs qui influencent sa progression dans la vraie vie.
/ Les actualités de la semaine du 1er au 7 décembre 2025
1. Comment évoluent les capacités cognitives des patients Alzheimer selon le traitement reçu ?
Une étude menée en conditions réelles de soins (“real-world data”) s’est intéressée à l’évolution des capacités cognitives de plus de 32 000 personnes vivant avec une maladie d’Alzheimer ou un autre trouble neurocognitif. Contrairement aux essais cliniques, très contrôlés, cette analyse repose sur les données dites de « vraie vie », c’est-à-dire issues d’un suivi médical habituel de plus de 11 ans (consultations, évaluations cognitives, traitements prescrits).
L’objectif était simple : observer si l’évolution cognitive diffère selon que les patients reçoivent un traitement symptomatique, plusieurs traitements, ou aucun traitement, et si certains profils progressent différemment.
Globalement, les groupes suivent une tendance similaire : un déclin cognitif progressif, mais à des rythmes variables selon le ou les traitements reçus.
Les personnes traitées par inhibiteurs de la cholinestérase, en particulier le donepezil, ou la galantamine, présentent en moyenne un déclin plus lent que celles recevant de la mémantine seule ou un traitement combiné (inhibiteurs de la cholinestérase + mémantine).
En analysant les sous-groupes, l’étude confirme un phénomène connu : plus les capacités cognitives sont préservées au départ et plus le traitement est prescrit dans les phases précoces de la maladie, plus l’évolution est lente, quel que soit le traitement. Les personnes présentant un déficit initial plus marqué déclinent en moyenne plus vite.
Cette étude est importante puisqu’elle reflète la réalité du quotidien clinique :
- des patients suivis en routine,
- avec des profils variés,
- des traitements adaptés aux situations individuelles,
- et un suivi régulier de plusieurs années.
Cette étude apporte une photographie fidèle et nuancée de l’évolution cognitive dans les maladies neurocognitives en fonction des traitements :
- un déclin progressif mais variable,
- des différences observées selon le traitement prescrit,
- et une progression intimement liée au niveau cognitif initial et à la précocité de la prise en charge.
Elle souligne l’importance d’un suivi régulier, d’une évaluation fine des capacités cognitives et d’une prise en charge adaptée au profil de chaque personne.
2. Comment l’IRM peut-elle révéler très tôt les changements du cerveau Alzheimer ?
Une étude récente montre qu’il est possible de repérer des altérations cérébrales liées à la maladie d’Alzheimer en analysant l’organisation du cerveau comme s’il s’agissait d’un réseau fonctionnel de connexions. Les chercheurs ont utilisé des IRM standards de patients Alzheimer pour construire un modèle mathématique du cerveau constitué d’un ensemble de régions reliées entre elles, puis ont mesuré la topologie et la manière dont ces connexions sont organisées
L’idée est simple à comprendre : dans un cerveau en bonne santé, les régions communiquent selon un certain équilibre et avec une certaine efficacité. Dans la maladie d’Alzheimer, ce réseau de connexions s’altère progressivement bien avant que les lésions cérébrales visibles ou les symptômes cliniques apparaissent.
En étudiant ces “ réseaux” et leurs topologies grâce à des indices mathématiques et à des modèles d’intelligence artificielle, les auteurs ont réussi à identifier les différents stades de la maladie avec une précision proche de 90 %.
Ce travail suggère qu’une simple IRM, associée à une analyse fine de la connectivité cérébrale, pourrait servir à détecter des modifications très précoces du fonctionnement du cerveau ou à suivre plus précisément l’évolution de la maladie dans le temps.
3. Comment le bilan lipidique évolue-t-il chez les personnes âgées et que nous apprend-il sur le risque de démence ?
Une étude menée à Taïwan auprès de 2 452 personnes âgées de plus de 60 ans suivies pendant près de trois ans s’est intéressée à l’influence du bilan lipidique dans l’évolution cognitive. Les chercheurs ont examiné à la fois le niveau des paramètres du bilan lipidique (cholestérol LDL ou « mauvais » cholestérol, cholestérol HDL ou « bon cholestérol » et triglycérides) au début de l’étude et analysé ses variations au fil du temps. L’échantillon d’étude était composé de personnes présentant un simple trouble subjectif, un trouble cognitif léger ou une maladie neurocognitive diagnostiquée. Ces analyses montrent qu’il n’existe pas de “bon” ou de “mauvais” cholestérol universel en matière de cognition, mais plutôt un équilibre à préserver.
Les chercheurs ont observé une relation en U entre bilan lipidique et déclin cognitif : des taux très bas ou des taux très élevés, tout comme des fluctuations importantes au cours du suivi, sont associés à un risque plus élevé de développer une maladie neurocognitive ou d’accélérer son évolution. Cela est particulièrement vrai pour le HDL-cholestérol et les triglycérides, dont les baisses marquées semblent signaler une plus grande vulnérabilité cognitive. À l’inverse, des niveaux modérés et stables sont associés à une évolution plus lente.
Des différences apparaissent également selon la situation au départ. Les personnes dont les capacités cognitives étaient déjà fragilisées déclinent en moyenne plus vite, indépendamment du taux de cholestérol. La combinaison de faibles taux de triglycérides et d’un état de fragilité physique augmente aussi nettement le risque de déclin cognitif, montrant l’importance d’une approche globale de la santé chez les personnes âgées.
En pratique, ce travail suggère que le cholestérol ne doit pas être considéré uniquement comme un facteur de risque cardiovasculaire, mais aussi comme un indicateur possible de vulnérabilité cognitive lorsqu’il fluctue trop fortement au fil du temps. Une surveillance régulière du bilan lipidique, associée à un suivi clinique attentif, pourrait aider à mieux anticiper l’évolution chez les personnes à risque.
/ Ce qu’il faut retenir cette semaine
1️⃣ Le déclin cognitif des patients varie selon les traitements reçus et le niveau initial des capacités cognitives.
2️⃣ Une simple IRM pourrait révéler des modifications des réseaux cérébraux bien avant les symptômes.
3️⃣ Un bilan lipidique trop bas ou instables sont associés à un risque plus élevé de déclin cognitif.
/ Rendez-vous dimanche prochain !
Ces études, complémentaires, rappellent combien la progression de la maladie d’Alzheimer dépend à la fois des traitements, des mécanismes cérébraux précoces et de facteurs de santé globaux comme le bilan lipidique. Elles soulignent l’importance d’outils de diagnostic de plus en plus sensibles, d’une prise en charge médicamenteuse personnalisée et d’un suivi attentif afin d’intervenir au moment le plus opportun.
👉 Rendez-vous dimanche prochain pour un nouvel épisode de la Minute Cerveau & Recherche !

Télécharger