Cette semaine, cinq études apportent un éclairage nouveau sur la façon dont Alzheimer évolue, se manifeste et pourrait être mieux comprise ou anticipée. Des difficultés à reconnaître les visages aux pistes thérapeutiques émergentes, en passant par l’évaluation du risque et le rôle du système immunitaire du cerveau, la recherche continue de progresser.
/ Les actualités de l’épisode du 17 au 23 novembre 2025
1. Alzheimer : des structures cérébrales fragilisées pourraient expliquer la prosopagnosie
La difficulté à reconnaître les visages familiers, appelée prosopagnosie, est un symptôme que l’on observe parfois dans la maladie d’Alzheimer.
Cette étude s’est intéressée à une zone précise de l’hippocampe, la région CA2, essentielle pour la mémoire sociale. Les chercheurs ont étudié des structures particulières qui entourent et protègent certains neurones : les réseaux périneuronaux (« perineuronal nets » ou PNN).
Dans un modèle animal de la maladie d’Alzheimer, ils ont constaté que ces PNN se dégradent progressivement. Cette perte apparaît au moment même où surviennent les premiers troubles de mémoire sociale, comme la difficulté à reconnaître d’autres individus.
En détruisant expérimentalement les PNN chez des animaux sains, les chercheurs ont reproduit ces déficits. À l’inverse, en bloquant l’activité d’enzymes responsables de leur dégradation, il a été possible de préserver ces structures et de retarder les troubles de reconnaissance sociale.
Ces résultats suggèrent que la détérioration des PNN dans l’hippocampe CA2 pourrait contribuer à certains symptômes d’Alzheimer, dont la prosopagnosie, ouvrant une piste pour de futures approches thérapeutiques.
2. Autisme et cognition : des pistes venues de la recherche Alzheimer
Cette étude s’est intéressée à une question étonnante : certains médicaments utilisés dans la maladie d’Alzheimer pourraient-ils aussi aider des enfants et adolescents autistes présentant un faible quotient intellectuel ? Pour y répondre, les chercheurs ont analysé 12 études regroupant 353 jeunes âgés de 2 à 21 ans, ayant reçu soit des inhibiteurs de la cholinestérase (comme le donepezil ou la rivastigmine), soit la mémantine, un traitement ciblant un autre système de neurotransmission.
Les résultats montrent des améliorations cognitives mesurables chez une partie des enfants : progression du langage, meilleure mémoire, attention plus stable, capacités exécutives renforcées, et parfois un gain global dans les tests d’intelligence. Les bénéfices semblaient plus marqués chez les plus jeunes, ce qui suggère une possible fenêtre d’intervention précoce.
Les auteurs soulignent toutefois que les données restent limitées : études à faibles effectifs, méthodes variées, et absence fréquente de groupe placebo. Mais ce travail ouvre une piste intéressante : les traitements contre l’Alzheimer pourraient, dans certains cas, être repositionnés pour soutenir le développement cognitif d’enfants autistes ayant des difficultés cognitives importantes.
Il reste maintenant à mener des essais cliniques complets pour confirmer ces observations et déterminer quels profils d’enfants pourraient réellement en bénéficier.
3. Alzheimer : quel est le risque de développer un trouble cognitif dans sa vie ?
Une étude récente analyse les données à long terme de personnes sans troubles cognitifs « au départ » afin de déterminer leur risque sur dix ans et sur leur temps de vie restant de développer un trouble cognitif ou un déclin lié à la maladie d’Alzheimer, en fonction de la présence de dépôts amyloïdes dans le cerveau.
Les résultats montrent que même chez des adultes considérés comme cognitivement normaux, la présence de plaques amyloïdes détectables grâce à l’imagerie cérébrale PET augmente notablement le risque, à la fois sur les dix prochaines années et sur toute la vie restante. Cela signifie que l’accumulation d’amyloïde n’est pas seulement un signe biologique : elle joue un rôle réel dans le calcul du risque futur de développer la maladie d’Alzheimer.
Autrement dit, cette étude livre une mesure concrète du risque associé à l’amyloïdose cérébrale et offre une base pour mieux informer, dépister et anticiper les étapes de la maladie avant que n’apparaissent les symptômes.
4. Quand les cellules immunitaires protègent le cerveau : une nouvelle piste contre Alzheimer
Cette étude s’intéresse aux microglies, les cellules immunitaires du cerveau, et à la manière dont elles peuvent influencer la progression de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont exploré deux acteurs clés : un facteur génétique appelé PU.1 et une molécule située à la surface des microglies, CD28.
Ils montrent que lorsque l’expression de PU.1 est réduite dans les microglies, ces cellules adoptent un fonctionnement plus protecteur dans un modèle animal d’Alzheimer. Elles génèrent moins d’inflammation et contribuent à diminuer la quantité de plaques amyloïdes dans le cerveau. À l’inverse, lorsque les microglies manquent de CD28, elles deviennent plus inflammatoires et la charge amyloïde augmente.
Ces résultats suggèrent qu’il existe différents « états » de microglies, dont certains pourraient agir comme de véritables cellules gardiennes capables de freiner les mécanismes de la maladie. Mieux comprendre et moduler cet équilibre ouvre la voie à de futures stratégies thérapeutiques ciblant directement l’immunité du cerveau.
/ Ce qu’il faut retenir cette semaine
- La difficulté à reconnaître les visages pourrait s’expliquer par la dégradation de structures clés dans l’hippocampe,
- Certains traitements d’Alzheimer pourraient soutenir le développement cognitif d’enfants autistes à faible QI,
- La présence d’amyloïde augmente nettement le risque futur de troubles cognitifs, même sans symptômes,
- Certaines cellules immunitaires du cerveau pourraient agir comme des gardiennes contre les lésions d’Alzheimer.
/ Rendez-vous dimanche prochain !
Ces travaux illustrent la diversité des pistes explorées par la recherche : mieux comprendre les symptômes, tester de nouvelles approches et affiner l’évaluation du risque. Chaque avancée contribue à éclairer un peu plus les mécanismes de la maladie et à imaginer des solutions futures.
👉 Rendez-vous dimanche prochain pour un nouvel épisode de la Minute Cerveau & Recherche !

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