Observer la rétine pour détecter Alzheimer ?

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Selon les résultats d’une étude américaine, les souris atteintes de maladie d’Alzheimer ont une rétine plus fine que les souris saines. Cette partie de l’œil serait alors le témoin facilement accessible des lésions caractéristiques de la maladie sur le cerveau.

/ La rétine : le prolongement de notre cerveau

L’œil est un organe complexe composé de plusieurs compartiments agencés les uns derrière les autres pour fournir au cerveau une image nette de ce qui nous entoure. Les faisceaux de lumières passent par la cornée, et vont converger vers la rétine en traversant le cristallin. La rétine est composée de cellules particulières qui sont reliées au cerveau par le nerf optique. La rétine est considérée comme un prolongement du cerveau, facilement accessible par la réalisation d’un fond d’œil ou d’un scanner rétinien.

C’est pourquoi des chercheurs travaillant sur la maladie d’Alzheimer ont émis l’hypothèse que tout comme le cerveau, les yeux et en particulier la rétine pouvait être également la cible des lésions caractéristiques de la maladie d’Alzheimer comme la dégénérescence neurofibrillaire. Ils ont, grâce à des techniques sophistiquées d’imagerie, analysé les multiples couches composant le tissu rétinien.

/ La rétine, une paroi plus fine

Pour mener à bien leurs expérimentations, les chercheurs se sont servis de deux types de souris, âgées de plus de 15 mois, un âge avancé pour la souris : des souris génétiquement sélectionnées pour présenter une maladie d’Alzheimer et des souris saines. Puis une technique d’imagerie ophtalmologique puissante appelée « interférométrie à faible cohérence par tomographie par cohérence optique » (scanner rétinien OCT) a été utilisée pour analyser les rétines des souris.

Grâce à un faisceau lumineux proche de l’infrarouge, la structure de la rétine va pouvoir être modélisée de la même façon que des ultrasons modélisent un fœtus lors d’une échographie. En comparant l’épaisseur de trois couches de la rétine, les chercheurs ont mis en évidence que la couche des fibres optiques était significativement plus fine chez les souris atteintes de maladie d’Alzheimer que chez les souris saines.

De plus, ils ont également observé des dépôts de substance amyloïde au niveau de la couche des fibres optiques et de la couche plexiforme externe de la même façon que l’on peut en trouver dans la région hippocampique d’un cerveau atteint d’Alzheimer.

/ Un outil potentiel, simple et non invasif, pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer

L’intérêt de ce type de travaux est de trouver de nouveaux moyens moins invasifs qu’une ponction lombaire pour mettre en évidence des biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer.

D’autres études menées cette fois-ci chez l’Homme ont également montré des résultats similaires sur les rétines. Cette technique ophtalmologique est donc une piste sérieuse, mais il faudra faire des tests à plus grande échelle et suivre des sujets sur plusieurs années pour voir si ce biomarqueur peut servir de test de dépistage avant que les premiers signes cliniques de la maladie ne se déclarent. Enfin il faudra également vérifier que le test est bien spécifique de la maladie d’Alzheimer et que des affections de nature différente ne puissent occasionner les mêmes lésions.

Source : Song, G., Steelman, Z.A., Finkelstein, S. et al. Multimodal Coherent Imaging of Retinal Biomarkers of Alzheimer’s Disease in a Mouse Model. Sci Rep 10, 7912 (2020);10(1):7912. Published 2020 May 13. doi:10.1038/s41598-020-64827-2

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