Le sommeil est essentiel pour le bon fonctionnement du cerveau. On entend souvent dire qu’il faudrait dormir huit heures par nuit pour préserver sa mémoire, mais que dit réellement la science ? Les études récentes montrent que la relation entre sommeil et cognition est plus complexe. Tout ne se joue pas uniquement autour d’un chiffre, mais plutôt autour d’un équilibre.

/ Pourquoi le sommeil joue un rôle clé dans la mémoire
Durant la nuit, le cerveau organise et consolide les informations apprises pendant la journée. Les travaux fondateurs de Larry Squire ont montré que cette étape de consolidation est primordiale pour transformer une expérience récente en souvenir durable[5]. Lorsque le sommeil est insuffisant, trop court ou fragmenté, cette consolidation se fait moins bien. Le souvenir est fragilisé et les capacités attentionnelles diminuent.
/ Dormir trop longtemps n’est pas forcément mieux
Contrairement aux idées reçues, dormir longtemps n’est pas synonyme de meilleure santé cognitive.
Une étude menée en 2024 a montré que des nuits très longues étaient associées à un risque plus élevé de déclin cognitif[1]. Il ne s’agit pas de dire que dormir beaucoup provoque un déclin, mais que cette durée inhabituelle peut refléter un sommeil de mauvaise qualité ou des fragilités cérébrales sous-jacentes.
/ Les courtes nuits peuvent aussi signaler un problème
Dormir trop peu a également été relié à des difficultés de mémorisation et à une augmentation du risque de déclin cognitif. Une autre étude publiée en 2024 nuance cependant cette interprétation : un sommeil très court peut parfois être un indicateur précoce d’un changement cérébral déjà en cours, plutôt qu’une cause directe[2]. Un changement dans la durée de sommeil peut donc être un signal à prendre en compte.
/ Trop court, trop long : le danger se trouve aux extrêmes
Une méta-analyse publiée en 2025, portant sur de nombreuses études longitudinales, montre que dormir moins de sept heures ou plus de huit heures est associé à un risque accru de déclin cognitif ou de démence[3]. Ces résultats ont été confirmés par une autre étude décrivant une relation en forme de U entre la durée de sommeil et la santé cognitive[4]. La zone la plus protectrice pour la mémoire se situe entre sept et huit heures de sommeil par nuit.
/ Que faut-il retenir pour bien vieillir
Dormir environ huit heures peut faire partie d’un bon équilibre, mais ce n’est pas une règle universelle. Le plus important est :
- une durée stable d’une nuit à l’autre
- un endormissement facilité par des routines régulières
- une nuit peu fragmentée
- une qualité de sommeil satisfaisante
Les habitudes du quotidien comme l’activité physique, l’exposition à la lumière naturelle, la réduction des écrans avant le coucher ou la gestion du stress contribuent à stabiliser ce rythme.
/ Ce qu’il faut retenir
Les recherches convergent :
- Dormir entre sept et huit heures par nuit est associé à un meilleur maintien cognitif,
- Les nuits trop courtes ou trop longues augmentent le risque de déclin,
- La durée est importante, mais la qualité du sommeil l’est tout autant.
Prendre soin de son sommeil, écouter ses besoins et consulter en cas de troubles persistants reste l’un des moyens les plus simples et les plus efficaces pour soutenir la mémoire au fil du temps.
Références :
[1] Yang Q et al. Prolonged sleep duration as a predictor of cognitive decline. 2024.
[2] Howard C et al. The effects of sleep duration on the risk of dementia and cognitive decline. 2024.
[3] Zhang J et al. Sleep disorders and the risk of cognitive decline or dementia. Meta analysis. 2025.
[4] Feng F et al. U shaped association between sleep duration and long term cognitive decline. 2025.
[5] Squire L R. Memory Consolidation. 2015.

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