La recherche sur Alzheimer ne cesse de progresser, révélant chaque semaine de nouvelles pistes thérapeutiques et de prévention.
Dans cet épisode, la Fondation Alzheimer revient sur quatre avancées marquantes : un vaccin prometteur, un programme de prévention en ligne, une meilleure compréhension de l’apathie et le rôle clé d’une protéine encore méconnue, l’alpha-synucléine.
Autant de découvertes qui rappellent qu’à travers le monde, la recherche continue d’innover pour donner un futur à notre mémoire.
/ Les actualités de l’épisode du 3 au 9 novembre 2025
1. Un vaccin thérapeutique contre Alzheimer montre des effets prometteurs
Et si, demain, notre propre système immunitaire pouvait lutter contre Alzheimer ?
C’est l’idée derrière le développement d’ABvac40, un vaccin thérapeutique qui entraîne l’organisme à reconnaître et neutraliser une forme précise du peptide amyloïde (l’amyloïde-β 40), accumulée principalement dans les vaisseaux sanguins du cerveau.
Dans un essai clinique de phase 2 mené auprès de 124 personnes présentant un trouble cognitif léger ou un Alzheimer à un stade très débutant, le vaccin s’est révélé bien toléré : aucun effet indésirable grave ni complication cérébrale n’ont été observés. Le candidat vaccin a provoqué une réponse immunitaire efficace, avec la production d’anticorps spécifiques contre l’amyloïde-β 40, détectés dans le sang et le liquide céphalorachidien, et des signaux encourageants ont été observés sur certains tests de mémoire et d’attention ainsi que sur l’IRM cérébrale.
Contrairement au lecanemab déjà autorisé aux États-Unis, fondé sur une immunothérapie passive qui consiste à injecter un anticorps thérapeutique anti-amyloïde par perfusion, ABvac40 repose sur le principe de l’immunisation active, où le système immunitaire fabrique lui-même ses anticorps. Cette approche pourrait, à terme, offrir une alternative plus simple, durable et accessible si son efficacité se confirme dans de futurs essais à plus grande échelle.
Ces résultats marquent une étape clé : stimuler notre système immunitaire contre Alzheimer apparaît possible et sûr, ouvrant la voie à une génération de traitements expérimentaux prometteurs.
2. Bien vieillir à distance : un programme “multidomaine léger” fait ses preuves
Et si la prévention du déclin cognitif pouvait se faire depuis son salon ?
L’étude britannique APPLE-Tree, publiée dans le journal scientifique The Lancet Healthy Longevity, a montré qu’un programme en ligne de soutien au vieillissement cérébral pouvait aider les personnes âgées à préserver leurs capacités cognitives, même à distance.
Ce programme, d’une durée de 12 mois, associe plusieurs leviers connus pour protéger le cerveau – stimulation cognitive, activité physique, alimentation équilibrée, gestion du stress et lien social – dans une version simple à suivre depuis chez soi.
Plus de 700 participants âgés de 60 ans et plus, présentant un léger déclin cognitif, ont suivi dix séances en ligne sur six mois, accompagnées d’activités hebdomadaires.
Une analyse réalisée à 24 mois a montré que les participants au programme ont mieux maintenu leurs performances cognitives que le groupe témoin. Ilsont signalé une amélioration du moral et du sommeil, et ont exprimé un plus grand sentiment de contrôle sur leur santé. L’adhésion a été remarquable : plus de 85 % ont terminé l’ensemble des séances prévues.
Cette étude montre qu’une prévention personnalisée, accessible et à distance peut réellement contribuer à ralentir le déclin cognitif. Le concept de programme « multidomaine léger » pourrait inspirer des initiatives de santé publique combinant prévention, lien social et outils numériques.
3. Quand l’apathie révèle ce qui se passe dans le cerveau : efforts, motivation et intégrité cérébrale chez les patients Alzheimer et Parkinson
L’apathie, cette perte de motivation souvent observée dans la maladie d’Alzheimer, n’est pas que liée à un manque de volonté. Une étude parue dans le journal scientifique Brain montre qu’elle est associée à un dysfonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans l’évaluation de l’effort et de la récompense.
Des chercheurs ont comparé des personnes atteintes d’Alzheimer, de Parkinson et des témoins sains lors d’une tâche de décision impliquant un effort à fournir pour obtenir une récompense. Chez les personnes apathiques, et notamment celles atteintes d’Alzheimer, le cerveau réagit moins à la valeur de la récompense : comme si la motivation à agir s’effaçait. L’imagerie cérébrale révèle une altération spécifique des connexions entre les régions du cerveau responsables de la décision et de la motivation ; altérations qui différent selon les pathologies concernées.
Ces résultats confirment que l’apathie est une manifestation biologique de ces maladies, et qu’en comprendre les mécanismes pourrait conduire à des stratégies ciblées pour raviver l’élan d’agir chez les patients.
3. Quand l’alpha-synucléine trace une piste dans l’évolution des troubles cognitifs
Une étude récente s’est penchée sur le rôle de la protéine alpha-synucléine, bien connue pour son implication dans la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy. Les chercheurs ont cherché à comprendre si cette protéine pouvait aussi influencer l’évolution d’autres troubles neurocognitifs, notamment en association avec les déficits du sommeil paradoxal.
Pour réaliser l’étude, ils ont analysé le fonctionnement du cerveau par neuroimagerie fonctionnelle et mesuré les performances cognitives grâce aux examens neuropsychologiques, Leurs résultats suggèrent que la présence accrue d’alpha-synucléine dans le cerveau est associée à une progression plus rapide du déclin cognitif et à une apparition plus précoce de symptômes fonctionnels ou comportementaux. Autrement dit, l’alpha-synucléine ne serait pas un simple témoin passif des maladies neurodégénératives, mais un acteur biologique susceptible de moduler leur trajectoire clinique.
Ces travaux ouvrent la voie à une meilleure compréhension des formes dites « mixtes » de démence, où plusieurs protéines pathologiques coexistent. Ils pourraient également contribuer à améliorer le diagnostic différentiel et à mieux anticiper la progression des troubles.
/ En bref – Ce qu’il faut retenir
- Vaccin thérapeutique : un vaccin expérimental stimule avec succès le système immunitaire contre la protéine amyloïde.
- Prévention à distance : un programme en ligne aide les seniors à préserver leurs capacités cognitives depuis chez eux.
- Apathie et motivation : des circuits cérébraux précis expliquent la perte d’élan observée dans Alzheimer et Parkinson.
- Alpha-synucléine : cette protéine influencerait directement la progression de certaines maladies neurocognitives.
/ Rendez-vous dimanche prochain !
Ces travaux illustrent la richesse et la diversité de la recherche actuelle : des pistes thérapeutiques innovantes, des approches de prévention accessibles et une meilleure compréhension des mécanismes cérébraux.
Chaque découverte, qu’elle soit clinique ou comportementale, contribue à rapprocher la science de solutions concrètes pour prévenir, diagnostiquer et traiter la maladie d’Alzheimer.
Rendez-vous dimanche prochain pour un nouvel épisode de la Minute Cerveau & Recherche !

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