Cette semaine, la Minute Cerveau & Recherche met en lumière quatre nouvelles études marquantes pour mieux comprendre, prévenir ou diagnostiquer la maladie d’Alzheimer et les troubles cognitifs. Au programme : l’alerte mondiale de l’OMS sur les troubles neurologiques, les effets d’une réduction durable du cholestérol sur le risque de démence, une étude intrigante sur la résistance cognitive des Amish, et enfin, des signes précoces de déclin détectés par nos sens et notre motricité. Une veille scientifique éclairante pour décrypter les enjeux actuels de la santé cérébrale.
/ Les actualités de la semaine du 20 au 26 octobre 2025
1. Troubles neurologiques : 11 millions de décès chaque année, alerte de l’Organisation mondiale de la santé
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme : chaque année, plus de 11 millions de décès sont liés à des troubles neurologiques comme les accidents vasculaires cérébraux, les tumeurs cérébrales, l’épilepsie, ou encore les maladies neurocognitives comme Alzheimer. Ces pathologies touchent désormais plus d’un tiers de la population mondiale, soit près de 3 milliards de personnes, mais restent dramatiquement négligées par les politiques de santé publique. Selon le rapport 2025 de l’OMS, seuls 32 % des pays disposent d’un plan national pour les troubles neurologiques, et dans les pays à faibles revenus, l’accès à un neurologue est quasi inexistant. De nombreux malades se retrouvent sans soin, faute de moyens, de médicaments ou d’infrastructures adaptées. L’OMS appelle donc à une action urgente et globale pour intégrer la santé cérébrale dans la couverture santé universelle, renforcer les services spécialisés et faire de la prévention une priorité. Car sans un changement majeur, le fardeau des maladies neurologiques, dont Alzheimer, continuera de croître, creusant les inégalités et fragilisant durablement les systèmes de santé.
2. Moins de cholestérol, moins de démence ? Ce que révèlent les gènes de plus d’un million de personnes
Et si réduire durablement le cholestérol pouvait aussi protéger notre cerveau ? Dans une étude impressionnante portant sur plus d’un million d’individus, une équipe internationale a utilisé une méthode puissante et originale, la randomisation mendélienne, pour explorer les liens entre le cholestérol non-HDL (le « mauvais » cholestérol) et le risque de développer une démence. Plutôt que d’observer simplement les habitudes de vie, les chercheurs se sont appuyés sur des variantes génétiques naturellement présentes chez certaines personnes et qui influencent le taux de cholestérol tout au long de leur vie pour limiter l’influence de l’environnement sur les mesures des taux de cholestérol.
Résultat : lorsque ces variantes touchent certains gènes impliqués dans la régulation du cholestérol (comme HMG CoA Réductase, la cible des traitements hypocholestérolémiants de type statines, ou NPC1L1, impliqué dans l’absorption intestinale des lipides), une baisse durable du non-HDL-cholestérol semble associée à un risque significativement réduit de démence, toutes causes confondues. En revanche, d’autres cibles biologiques testées n’ont pas montré de lien aussi clair.
L’intérêt de cette étude est double : elle renforce l’hypothèse d’un lien biologique entre les lipides et la santé cérébrale, et elle ouvre la voie à une prévention ciblée par des médicaments déjà disponibles ou en développement. Toutefois, les chercheurs rappellent que ces résultats concernent le risque à long terme et qu’ils ne valident pas, à ce stade, une stratégie thérapeutique immédiate pour prévenir la démence. Ils plaident donc pour de futurs essais cliniques ciblés, notamment chez les personnes à risque cardiovasculaire élevé.
3. Chez les Amish, le cerveau résiste… même quand les cellules vieillissent
Pourquoi certaines personnes semblent protégées contre la maladie d’Alzheimer malgré des signes classiques de vieillissement cellulaire ? Une étude récente apporte un éclairage surprenant en s’intéressant à une population bien particulière : les Amish.
Chez plus de 600 membres de cette communauté religieuse vivant dans l’Indiana (États-Unis) une vie pacifique et austère, à l’écart des influences extérieures, les chercheurs ont analysé la longueur des télomères – ces extrémités de nos chromosomes qui raccourcissent avec l’âge. Généralement, des télomères plus courts sont associés à un risque accru de maladies liées à l’âge, dont Alzheimer. Et pourtant, les Amish, bien que montrant des signes biologiques d’un vieillissement cellulaire avancé, présentent très peu de cas d’Alzheimer.
Plus étonnant encore, le lien habituel entre la longueur des télomères et le risque d’Alzheimer n’apparaît pas dans cette population. Cela signifie que, chez eux, le cerveau reste protégé même lorsque les cellules montrent des signes d’usure. Les chercheurs supposent que des facteurs génétiques propres à la communauté — ou un mode de vie particulièrement sain (alimentation, activité physique, absence de stress chronique) — pourraient jouer un rôle majeur dans cette forme de résilience cérébrale.
Cette découverte ouvre de nouvelles pistes pour comprendre pourquoi certaines personnes échappent à Alzheimer malgré des profils biologiques à risque. Étudier ces mécanismes de protection naturels pourrait aider à développer de nouvelles stratégies de prévention.
4. Une étude française met en lumière les signes précoces d’Alzheimer à travers les sens et le mouvement
Et si les premiers signes de la maladie d’Alzheimer se manifestaient non pas par la mémoire… mais par les gestes du quotidien ou la perception sensorielle ? C’est l’hypothèse qu’a explorée une équipe française dans une étude publiée en 2025, en comparant 75 personnes atteintes de troubles cognitifs légers à 50 adultes sans atteinte neurologique. Les chercheurs ont évalué simultanément les capacités cognitives, sensorielles (audition, vision, olfaction, proprioception) et motrices (équilibre, coordination, vitesse de marche). Résultat : les troubles cognitifs étaient significativement associés à une moins bonne perception sensorielle et à une motricité altérée. Autrement dit, les fonctions cognitives, sensorielles et motrices pourraient décliner ensemble — bien avant l’apparition de symptômes plus sévères. Ces résultats confirment l’importance d’une approche globale du vieillissement cérébral, où les sens et le corps tout entier peuvent devenir des indicateurs précieux, voire précoces, du déclin cognitif.
/ En bref – Ce qu’il faut retenir
- L’OMS alerte : plus de 11 millions de décès annuels liés aux troubles neurologiques, un enjeu sanitaire mondial encore trop négligé.
- Cholestérol et cerveau : certaines baisses durables du cholestérol “non-HDL” sont associées à un risque réduit de démence, selon une vaste étude génétique.
- Résilience cérébrale : chez les Amish, le cerveau résiste au vieillissement cellulaire, malgré des marqueurs biologiques “à risque”.
- Signes précoces : les troubles sensoriels et moteurs pourraient signaler un déclin cognitif avant même les pertes de mémoire.
/ Rendez-vous dimanche prochain !
La recherche progresse, chaque semaine, pour mieux comprendre les mécanismes cérébraux, affiner les diagnostics et imaginer des stratégies de prévention toujours plus ciblées. Ces découvertes renforcent une conviction : il est essentiel de prendre soin de son cerveau tout au long de la vie.
📅 Rendez-vous dimanche prochain pour un nouvel épisode de la Minute Cerveau & Recherche !

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