Découverte de l’origine de la baisse de l’afflux cérébral de sang dans l’Alzheimer

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Des globules blancs, appelés neutrophiles, ont été identifiés comme étant responsables de la baisse du débit sanguin cérébral chez des souris atteints de maladie d’Alzheimer. Déloger ces cellules permettrait d’améliorer les performances cognitives altérées.

/ LA PISTE VASCULAIRE ECLAIRCIE

Plus la recherche avance et plus les chercheurs sont persuadés que la maladie d’Alzheimer est une pathologie multifactorielle. Elle est probablement la résultante de plusieurs phénomènes se déroulant dans le cerveau et qui vont participer au développement des lésions de la maladie. Parmi ces phénomènes, la dysfonction vasculaire cérébrale fait partie de ceux qui sont étudiés avec le plus grand intérêt. En effet, chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer, l’afflux de sang dans le cerveau est diminué de façon progressive à cause de l’obstruction de petits vaisseaux, appelés capillaires. Une baisse du débit sanguin cérébral d’environ 20% est suffisant pour occasionner des troubles cognitifs. Si le phénomène était connu, son origine restait pour le moins incertaine. Mais la compréhension de la dysfonction vasculaire dans la maladie d’Alzheimer vient de connaître une avancée majeure grâce à l’identification de globules blancs responsables de l’obstruction des capillaires du cerveau.

/ LES NEUTROPHILES EN CAUSE

Lors de leurs investigations, les chercheurs ont visualisé, dans le cerveau de souris, la structure des capillaires bouchés grâce à l’utilisation de techniques de microscopie puissantes. Ils se sont aperçus que le nombre de vaisseaux obstrués était plus important chez les souris atteintes de maladie d’Alzheimer que chez les souris saines. Mais ils ont surtout remarqué la présence quasi constante de globules blancs à proximité des zones rétrécies. Grâce à l’injection d’un marqueur fluorescent (anticorps anti Ly6G), les chercheurs ont non seulement identifiés avec certitude qu’il s’agissait de polynucléaires neutrophiles, mais ont également réussis totalement par hasard à réduire le nombre de capillaires bouchés. En effet, l’anticorps anti Ly6G injecté est venu se fixer sur un récepteur présent à la surface du neutrophile responsable de son adhésion au vaisseau sanguin, provoquant le décrochement de celui-ci. Après un mois d’injection de cet anticorps tous les trois jours, les souris malades ont amélioré les performances de leur mémoire à court terme notamment dans la reconnaissance de nouveaux objets.

/ UN ESPOIR CHEZ L’HOMME ?

Ces expériences chez la souris ouvrent de nouvelles perspectives dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Tout d’abord, dans la compréhension de son développement, puisque ces neutrophiles pourrait être impliqués à la fois dans les phénomènes vasculaires de bas débit sanguin et dans les phénomènes inflammatoires retrouvés chez les malades. Mais aussi dans la découverte d’un traitement de la maladie d’Alzheimer, puisqu’il est maintenant possible pour les firmes pharmaceutiques de se pencher sur l’élaboration d’une thérapeutique ciblée sur ces neutrophiles, avec l’espoir de pouvoir un jour l’utiliser chez l’Homme.

Source : Cruz Hernandez et al. Neutrophil adhesion in brain capillaries reduces cortical blood flow and impairs memory function in Alzheimer’s disease mouse models. Nat Neurosci. 2019 Mar;22(3):413-420. doi: 10.1038/s41593-018-0329-4. Epub 2019 Feb 11.

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